Covid-19 : Cristal Union en prend de la graine

Le groupe coopératif a profité de la crise pour adapter ses productions. Aujourd’hui encore, la fabrication d’alcool de type pharmaceutique profite à l’entreprise, notamment à la sucrerie d’Arcis-sur-Aube.

Afin de répondre à la forte demande des clients, une nouvelle unité de distillation d’alcool rectifié extra neutre (REN) – d’une capacité de 1 300 hl par jour sera mise en service en janvier. © CRISTAL_UNION

C’est une production à forte valeur qui a été au cœur des enjeux sanitaires du printemps. La production d’alcool de type pharmaceutique – la fameuse solution hydroalcoolique – a bondi avec la pandémie mondiale. Et avec elle, l’un des marchés du groupe coopératif sucrier Cristal Union. « Dans les moments les plus critiques en confinement et déconfinement, note François Prompsy, vice-président de Cristal Union, président de la sucrerie d’Arcis-sur-Aube, la production a été multipliée par douze. La sucrerie auboise faisant partie des trois sites stratégiques de production du groupe, elle a vu ses capacités augmenter elle aussi ».

Les pertes absorbées

Une bonne nouvelle pour Cristal Union , qui, même si elle n’a pas compensé les volumes d’éthanol perdus avec l’arrêt brutal de circulation, a permis de limiter la casse. « Mais la baisse de chiffre d’affaires reste limitée », assure François Prompsy. Le groupe, qui présentait son bilan 2019 lors de son assemblée générale la semaine dernière, est en effet largement revenu sur les problématiques 2020, à quelques jours du démarrage de campagne de betteraves marquée par une très forte jaunisse dans les champs (lire ci-dessous). Pas de quoi remettre en cause, assure le vice-président, la stratégie d’investissement débutée l’an dernier. « La crise a validée les décisions prises (La fermeture de deux des dix usines du groupe à Bourdon dans le Puy-de-Dôme et à Toury au nord d’Orléans, NDLR). Nos sites reprofilés ont connu de bonnes performances permettant d’absorber les pertes attendues ».

Production doublée

Sur le site d’Arcis-sur-Aube, on est prêt à passer à la vitesse supérieure. Les derniers investissements réalisés à Arcis-sur-Aube visent à développer la distillerie. L’installation d’une nouvelle cuve de fermentation de 2 000 m3 va ainsi permettre de doubler la cadence de distillation avec une production d’alcool qui pourra atteindre jusqu’à 8 000 hl par jour en campagne. Par ailleurs, afin de répondre à la forte demande des clients, une nouvelle unité de distillation d’alcool rectifié extra neutre (REN) – un intermédiaire entre l’alcool brut et le surfin – d’une capacité de 1 300 hl par jour sera mise en service en janvier prochain. La sucrerie auboise poursuit aussi la fabrication de solutions hydroalcooliques, avec une capacité doublée comparée à l’avant-crise.

© Emeline Durand

Rendements 2020 : une baisse de 30 à 50% attendue

Après une campagne 2019 marquée par les difficultés climatiques, bis repetita. Le cumul de trois effets – un retard de levée, la sécheresse et la jaunisse – n’augure rien de bon pour François Prompsy. « Des attaques massives, précoces : de mémoire d’agriculteur on n’avait jamais vu ça. On a des champs entiers touchés », se désole François Prompsy. La faute à la jaunisse. C’est un peu le feuilleton de l’année pour le président de la sucrerie d’Arcis. « Nous avons alerté dès le mois de mai le Gouvernement sur cette problématique. Il est très important que la proposition de loi autorisant les néonicotinoïdes soit votée à l’automne. Elle conditionne la confiance que les planteurs vont avoir pour la prochaine campagne. S’ils n’ont pas de protection suffisante, je comprends que beaucoup ne prennent pas de risque. » La décision ne changera en tout cas pas la donne de la récolte à venir. L’Aube, qui figure parmi les régions les plus impactées, devrait voir son rendement diminuer de 30 à 50%. Il faudra attendre les premiers arrachages pour affiner ces prévisions. Réponse fin septembre.

 

C’est 24 euros la tonne, 26 euros primes comprises

C’est le prix fixé par Cristal Union pour la campagne 2020. Annoncé à 23 euros la tonne, il a finalement été revu à la hausse. « Ce n’est pas encore assez, reconnaît François Prompsy mais aujourd’hui nous savons payer la betterave à 24 euros. » Prévoyant une amélioration significative de ses résultats pour l’exercice 2020/21, le groupe sera en effet en mesure de proposer à ses planteurs une meilleure rémunération de leurs betteraves, y compris dans les sections les plus touchées par la sécheresse et la jaunisse virale. « Les investissements réalisés rendent notre outil de production très performant et compétitif, rassure le vice-président. La sucrerie-distillerie d’Arcis-sur-Aube dispose d’un atout de taille dans le contexte actuel en permettant des arbitrages entre le sucre et l’alcool selon les opportunités de marché afin de valoriser au mieux les betteraves de nos coopérateurs. Notre site illustre les fortes capacités d’adaptation de Cristal Union. »