« Moins de syndical, plus de terrain »

Elu président du syndicat Jeunes Agriculteurs de l’Aube juste avant le début du confinement, Benjamin Bonnevie encourage la jeunesse agricole locale à s’ouvrir à la population, multiplier les rencontres pour changer leur regard sur une profession malmenée.

Les JA de l’Aube restent aussi mobilisés sur de grandes préoccupations autour de l’étiquetage des prix, de la formation… et des enjeux locaux de certaines productions. © JA

Vous représentez les Jeunes Agriculteurs de l’Aube depuis le début de l’année. Quelle stratégie va guider votre mandature pendant les deux prochaines années ?

On a envie de changer l’image de notre agriculture, montrer le bon côté de notre travail. Je me suis engagé car j’ai envie qu’on aille davantage au contact des gens. Pas seulement sur les réseaux sociaux. On doit se rapprocher des gens pour leur expliquer ce que l’on fait, nos différents métiers, les métiers périphériques de l’agriculture, la biodiversité. On veut leur faire comprendre que ce n’est pas un plaisir de sortir un pulvé, mais que pour avoir des résultats, on n’a pas le choix. Avec le coronavirus, les ventes directes ont explosé,  le consommer français prend encore plus de sens mais c’est très vite retombé. L’idée est d’aller à leur rencontre, au bout du champ mais aussi lors de rendez-vous que l’on veut multiplier.

Comment ?

Au-delà de la fête de l’Agriculture on veut attirer un public plus large. On va le faire en lien avec Terres & Vignes. Mettre en place des visites de fermes, marches gourmandes, aller au contact des jeunes dans les collèges et lycées… On a envie de vivre notre métier tous les jours et pour que le message passe, il faut qu’on aille sur le terrain, engager le dialogue, désamorcer les tensions. Ce n’est pas une perte de temps.

Quelles sont les grands autres chantiers à mener sur un terrain plus syndical ?

La formation des jeunes c’est vraiment essentiel pour préparer la vague de départs en retraite. Avec la nouvelle PAC qui doit arriver en 2022 ? On s’attend à ce que ce soit une année pivot. Les problèmes techniques accélèrent aussi les prises de décision. Il faut  laisser la possibilité à ceux qui en ont envie de se pencher sur les projets de reprise. Tout le monde doit se mettre autour de la table, syndicats, OPA pour mieux répartir les prises de ferme, pour que cela aille à des jeunes, à des agriculteurs. On y sera attentif. Pendant le stage 21 heures que nous préparons, on veut encourager à la diversification. Aujourd’hui ce n’est plus possible de ne pas arriver avec un projet en ce sens. Il faut être réactif par rapport à sa production et on veut encourager ceux qui s’installent dans cette démarche.

Que comptez-vous mettre en place pour encourager ce « consommer local » ?

On travaille déjà dans les grandes surfaces à surveiller les étiquetages, faire des relevés de prix et alerter le consommateur. On veut aller plus loin et réfléchir avec les grandes surfaces de l’Aube à comment valoriser les produits locaux. On aimerait les rencontrer d’ici la fin de l’année. On va continuer de poser des banderoles dans les champs pour montrer ce qu’on produit, quelles quantités, ce que cela apporte en énergie renouvelable…

Un autre sujet d’actualité vous préoccupe également…

On suit de près ce qu’il se passe autour de la betterave. Il nous faut absolument une dérogation pour pouvoir continuer à produire décemment. On a le même problème avec les céréales : avec la sécheresse, on a besoin d’une dérogation qui serait activable localement et permettrait de faucher les jachères afin de les rendre disponibles. Je voudrais aussi dire que l’on soutient les agriculteurs du Barrois, où la situation se complique sans qu’on ne puisse pas faire grand-chose. Il ne se passe rien ce n’est pas acceptable.

© Propos recueillis par Emeline Durand