L’oignon made in France cherche de nouveaux producteurs

Beauce Champagne Oignons BCO, coopérative agricole spécialisée dans la production des alliacées (oignon, échalote et l’ail) cherche de nouveaux producteurs sur ses bassins de production. Parmi eux, « l’ex Champagne-Ardenne », dont l’Aube et la Marne.

« Nous nous devons de maintenir la performance de la culture de l’oignon en visant un rendement net vendu situé entre 50 et 55 tonnes par hectare. Sa récolte se doit d’être de qualité pour favoriser sa bonne conservation en frigo ou en hangar ventilé pendant huit à neuf mois », déclare Gérard Rocci, directeur de BCO. © G. ROCCI_BCO

Qu’ils soient jaunes, rouges, roses, petits, les oignons ainsi que les échalotes et l’ail blanc garantissent à la coopérative un panel de produits assez large, répondant ainsi à la demande des clients. « L’oignon est négocié sur un marché libre et spéculatif avec des à-coups. La filiale France Allium, s’occupe de la commercialisation de nos produits. Sur le marché français, nos principaux clients sont la grande distribution et des grossistes. A l’export la demande vient plutôt des pays de l’Europe du Sud qui apprécient nos oignons pour leur couleur et leur fermeté. Ce marché représente un tiers de notre activité commerciale », souligne Gérard Rocci, directeur général de la coopérative BCO.

Des sites de conditionnement adaptés à la demande

La coopérative dispose de deux unités de conditionnement. « Cette organisation optimise notre logistique. Chaque station est dédiée à une spécificité. » Les produits fragiles comme l’échalote ou les petits oignons sont travaillés à Rethel (08). La ligne de conditionnement adopte une vitesse plus lente pour limiter les chocs et garantir la qualité et la conservation des produits. Mise en place depuis deux ans, le second site se situe à Pithiviers (45) et est 100 % automatisé. « Nous disposons des dernières innovations avec du calibrage optique interne et externe des bulbes. Les oignons sont calibrés, gérés dans des caisses et tracés jusqu’à l’emballage. La plus grande difficulté pour nous est de coordonner nos lignes de conditionnement en fonction de la demande. Sur une même semaine, nous pouvons avoir 12 lots différents à traiter car les besoins des clients ne sont pas les mêmes. Nous pouvons proposer une gamme d’emballages comprise entre 150 grammes et une tonne ! » Cette nouvelle station est dédiée principalement aux grossistes et à la grande distribution française.

Une culture aux petits oignons

La production de la coopérative est de plus en plus labellisée. « Nous devons répondre à tous les cahiers des charges demandés par nos clients : agriculture biologique, zéro résidus de pesticides ou haute valeur environnementale (HVE). L’objectif est de prôner une agriculture vertueuse. » La France produit 250 000 tonnes d’oignons par an. Avec la crise du Covid-19, le made in France devient de plus en plus important pour les enseignes. « Ils ont besoin de produits de qualité et certifiés. Nous avons des opportunités à saisir. Répondre à un cahier des charges coûte cher. Ces produits certifiés doivent être valorisés auprès les producteurs. Selon les années, la marge nette dégagée varie entre 1 500 et 2 500 euros par hectare. » La coopérative recherche de nouveaux producteurs sur son secteur d’activité pour maintenir sa dimension économique. Elle propose des contrats d’une durée de cinq ans. « Pour apprendre à cultiver l’oignon, il faut environ deux campagnes. L’irrigation est obligatoire pour se lancer dans cette production. Du matériel spécifique pour le semis et l’arrachage est nécessaire. Pour ce qui est du stockage, nous proposons à l’agriculteur différents schémas possibles pour l’aider à construire sa réflexion et ses investissements. »

© Julie Guichon

« Je privilégie les terres homogènes et colorées »

Sébastien Ceneubroucke, exploitant à Magnicourt (Aube) sur 180 ha (céréales, betteraves, pommes de terre et oignons). « Depuis quatre ans, je cultive 15 ha d’oignon jaune, l’oignon rouge étant trop problématique en termes de séchage et de stockage. Je privilégie les terres homogènes et colorées, plus favorables à la croissance de la culture. » Adhérent à la BCO, Sébastien Ceneubroucke, accompagné de l’équipe technique, respecte un cahier des charges dit « résistance mildiou », co-construit avec la grande distribution. « Pour répondre à cette demande, je cultive des variétés résistances au mildiou qui me coûtent 1 300 €/ha, soit le double d’une variété classique, mais j’économise les passages de fongicides contre cette maladie et du temps de travail. » Sur son exploitation, l’agriculteur cultive également de la pomme de terre qui se complète bien avec l’oignon au niveau de l’assolement, de l’irrigation et du stockage. « J’ai converti mon stockage de pommes de terre en vrac sur caillebotis pour les oignons monnayant une ventilation adaptée, régulée et automatisée. J’optimise aussi mon parc matériel en semant l’oignon à 45 cm d’écartement entre rang, ce qui me permet d’utiliser le semoir à betteraves ainsi que la bineuse. Economiquement, je vise un chiffre d’affaires de 10 000 €/ha. Il faut compter environ 5 000€ de charges totales et 100 heures de travail par hectare. Le marché reste variable d’une année sur l’autre. Sur une période de trois ans, mon prix de vente moyen se situe à 150 €/tonne. »