Cultures intermédiaires : un peu tard pour semer

Arvalis, l’institut technique de recherche appliquée donne des éléments factuels laissant penser que les conditions météorologiques exceptionnelles de cette année ne permettront pas des levées efficaces des cultures intermédiaires.

Une situation hydrique exceptionnellement sèche cet été dans l’Aube, des réserves en eau des sols au plus bas le tout cumulé à un printemps déjà trop sec.  Et peu de perspectives de pluie dans les tout prochains jours. Il n’en faut guère plus à Arvalis, institut technique du végétal pour avancer que « un bon développement des cultures intermédiaires, cela commence à devenir compliqué dans le département. »
Le constat intervient alors que la FDSEA a demandé un classement du département en zone de catastrophe climatique et réclame une dérogation totalement de l’obligation de semis (lire la Revue Agricole de l’Aube du 28 août 2020). Alexis Decarrier, ingénieur régional Champagne-Ardenne à Arvalis : « pour que les CIPAN se développent et soient efficaces, il va quand même falloir un peu de pluie. Et quand on veut semer et pour que les couverts lèvent, on a besoin d’humidité dans le sol, ce que l’on n’a pas actuellement. La canicule a d’ailleurs asséché encore plus le sol avec le phénomène d’évaporation de l’eau».

Jusqu’à moins 60% de pluie

La faute à une sécheresse qui n’en finit pas dans le département. Débutée au printemps, avec 50 jours sans pluie entre le 10 mars et début mai, elle s’est poursuivie par un été caniculaire et sec. Avec selon l’institut, des records, les cumuls de pluie sur l’été sont en retrait de 60 % comparé à la moyenne des vingt dernières années.  L’été 2020, note Arvalis, est même moins arrosé que les deux années les plus sèches de ses deux dernières décennies. Voilà pour le tableau.
Et les incertitudes concernant le retour des pluies à courte échéance ne font que noircir la perspective de croissance des couverts végétaux qui ont besoin d’eau pour germer puis se développer. Arvalis pointe aussi le manque de garantie sur les températures de cet automne. « Pour que les couverts produisent de la biomasse et piègent de l’azote, il nous faut un automne-début d’hiver doux et de la pluie. Dans ce cas, malgré une date de semis tardive, on pourrait avoir une croissance possible des couverts. Mais il faut réunir ces deux conditions et les probabilités sont plus faibles», explique Alexis Decarrier.
En cas de froid début novembre, la croissance des couverts pourraient être rapidement stoppée et ils ne pourraient atteindre un développement suffisant, limitant du coup leur efficacité en termes de piégeage de l’azote. « Pour qu’une CIPAN soit efficace, explique l’ingénieur, il faut rechercher un tonnage élevé : à  deux tonnes de matière sèche, les crucifères absorbent 40 à 50 unités d’azote. On est limite pour obtenir ces deux tonnes. Il faudrait  que les levées se déroulent entre le 11 et le 20 septembre. Et donc semer huit jours plus tôt avec des pluies dans la foulée. » 

© Emeline Durand