La ferme de Méry-sur-Seine cherche un nouveau levier

« La ferme pédagogique de Méry-sur-Seine n’a pas attendu le déconfinement pour réfléchir à son évolution. Elle ouvrira en septembre, deux salles de classe pour accueillir les scolaires » annonce son gérant, Yannick Fassaert. © FERME_PEDAGOGIQUE

Face à la fermeture de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine depuis le mois de mars, Yannick Fassaert, le gérant a trouvé une alternative pour rebondir. Il lance un plan de financement original. Une opération qui selon, lui serait duplicable dans le monde agricole.

Une activité à l’arrêt depuis plus de deux mois, du chômage pour l’équipe de six salariés embauchés à l’année, la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine n’échappe pas à la crise post-épidémie. « On aura perdu d’ici juin 55% de notre chiffre d’affaires annuel, et on estime la perte à 75% d’ici la fin de l’année », calcule Yannick Fassaert, son gérant. La structure touristique accueillant d’ordinaire, visiteurs et classes scolaires pour des visites pédagogiques, difficile de faire repartir l’activité y compris depuis la fin du confinement.
Si la ferme pédagogique espère reprendre ses activités dans quelques jours ou semaine, elle n’a pas attendu pour penser l’après. « On a certes besoin de dégager de la trésorerie mais on a surtout besoin de continuer à développer notre ferme, comme on l’avait prévu avant le Covid », lance Yannick Fassaert. Et plutôt que l’aller frapper à la porte des banques, le responsable
a eu une idée plus originale : il fait appel aux citoyens, sous forme de titres associatifs, par le biais de la deuxième structure juridique de la ferme, l’association GîteLoisirs Méry (hébergement et centre équestre), qui porte le dossier d’investissement sur l’ensemble. « On propose à tout le monde d’acheter des titres moyennant un taux d’intérêt de 2% par an, avec remboursement au plus tard dans les sept ans », détaille Yannick Fassaert. Une opération certes financièrement intéressante pour la structure mais surtout, participative. « Le contexte nous a montré que les gens étaient attentifs à l’environnement, au monde agricole et qu’il y avait une demande de l’éducation nationale et de la population locale aussi. »

Ecoliers parisiens

La ferme de Méry-sur-Seine espère obtenir 200 000 euros pour développer plusieurs projets. L’argent récolté permettra de construire deux salles de classe, « financés par la structure d’hébergement et le centre équestre, mais mises à disposition gratuitement pour la ferme pédagogique », précise le gérant. Elles permettront d’accueillir davantage de classes. La structure, ouverte depuis un an, vient de passer une convention de partenariat avec l’inspection académique de l’Aube. Et a été retenue par la mairie de Paris pour intégrer le catalogue de lieux pédagogiques à découvrir. L’objectif est d’être opérationnel d’ici le mois de septembre. La somme collectée devrait aussi permettre le développement de deux autres idées : la mise en place d’un conservatoire national du Coq Gaulois et la mise en valeur des 25 cultures du département. « Nous voulons montrer de la graine à la fourchette, la diversité des cultures, éduquer les plus petits à l’agriculture. »

Partenariat avec le monde agricole

Yannick Fassaert souhaite par ce développement, apporter davantage de visibilité au monde agricole. « On a tout de suite été soutenu par le conseil départemental parce que ce projet est utile pour le département, on souhaite également que le monde agricole local nous rejoigne ». Comment ? « On aimerait s’allier avec les coopératives, les structures agricoles locales. Je suis convaincu qu’ils peuvent apporter un support pédagogique et de communication pour nous aider à sensibiliser les plus jeunes au monde agricole. Nous allons les rencontrer.» Le gérant pense aussi que ce mode de financement pourrait être une alternative au développement de certaines exploitations. «Nous pilotons ce projet, accompagné par Cerfrance. Mais on pourrait très bien envisager ce type de solutions pour permettre aux agriculteurs de se diversifier. Les structures sont viables, il nous faut aujourd’hui trouver des leviers pour poursuivre nos activités. »

© Emeline Durand

Les visites reprennent

L’association « Ferme Pédagogique », créée en 2019 et reconnue d’intérêt général permet aux familles et aux enfants la découverte et l’initiation à l’agriculture et à l’environnement. Cette ferme se compose d’un un pôle animal de 65 animaux,  d’un pôle végétal (agriculture, jardin) et d’un pôle environnement (découverte de la nature, cycle de l’eau) qui permet de multiples activités par exemple l’entretien et le soin des animaux…  Les ressources de financement de la Ferme Pédagogique permettent d’assurer la production, le fonctionnement et l’entretien. Ouverte sept jours sur sept (en ce moment uniquement sur rendez-vous), la ferme est en accès libre et gratuit. Le gîte loisirs de Méry-sur-Seine, qui comprend également un centre équestre de 45 chevaux et poneys, et un site d’hébergement, accueille d’ordinaire l’été, des colonies de vacances. « On devrait créer notre propre offre cette année pour accueillir des enfants », indique Yannick Fassaert. Mais il est conscient qu’il ne « rattrapera pas ce qui a été perdu ». L’an dernier, la structure a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 500 000 euros.

 

Plus de 10 000 €

Depuis l’annonce en fin de semaine dernière de son plan de financement, la ferme de Méry-sur-Seine a déjà récolté plus de 10 000 €. « Des particuliers principalement, locaux, qui connaissent les lieux, les personnes et souhaitent à leur manière investir dans un projet tourné vers les enfants, l’éducation, l’environnement », observe Yannick Fassaert.