Saipol veut développer ses activités au Mériot

Le leader français du biocarburant et de la production d’huiles végétales se restructure sur les oléagineux français autour de quatre usines dont celle du Mériot, dans l’Aube. Et compte lui donner une nouvelle impulsion.

Pour Arnaud Rousseau, « le site du Mériot est aujourd’hui loin d’être à saturation : l’idée est d’abord de le conforter et éventuellement d’en développer de la production à valeur ajoutée. » © Philippe Montigny

Saipol l’a annoncé à la fin de l’année dernière : 2020 marque le lancement d’un nouveau plan stratégique d’ici 2023. Pour faire face aux pertes de 133 millions d’euros qui se sont accumulées entre 2015 et 2018, et poursuivies en 2019, la filiale du groupe industriel Avril, leader du biocarburant en France sous sa marque Diester, annonce un plan de diversification. « Nous avons choisi, détaille Arnaud Rousseau, président d’Avril, de diversifier nos offres en concentrant notre activité industrielle autour des sites les mieux situés pour valoriser la graine d’origine française. Sète et de Montoir-de-Bretagne sont des sites sur lesquels on n’était soit pas avec de la graine française soit pas sur la totalité de la chaîne de production. Dans le premier, on triture et on estérifie des graines qui sont essentiellement issues de l’importation. Dans le second, on ne fait que de l’estérification ». L’objectif de la revue stratégique de Saipol est donc de céder ces sites industriels. « Dans l’hypothèse on ne retrouve pas de repreneur, on pourrait les fermer d’ici fin 2020. On se donne le temps de faire les choses correctement d’un point de vue légal et on se donne les chances de trouver un repreneur », appuie le président.

Production de proximité

L’ambition de Saipol est claire : la filiale veut un maximum de graines de proximité pour avoir un produit tracé qui rentre dans une approche de bio économie et permette de mettre à disposition des protéines françaises garanties non OGM. Par cette stratégie, « on se donne tous les moyens pour répondre à une demande sociétale en croissance importante », appuie Arnaud Rousseau. Une belle opportunité alors pour le site du Mériot, dans l’Aube ? Pas dans l’immédiat en tout cas. « Soyons clair : les graines qui vont à Sète ou Montoir n’iront pas au Mériot », annonce Saipol. Les mêmes questions demeurent pour le site aubois : l’usine est parmi les plus performantes en termes de process industriel mais le problème vient du sourcing de la graine. « Le pari que l’on fait, poursuit Arnaud Rousseau, c’est que l’on va pouvoir concentrer la production notamment sur le site du Mériot. On espère qu’elle aura des retombées positives mais il n’y a pas que des problèmes industriels. Il y a aussi des questions de production : il faut voir le problème dans sa globalité, en termes d’agronomie ou encore de lutte contre les insectes. Mais on n’ignore pas que la production de colza sur les deux dernières années, c’est compliqué ».

Conforter le site

La bouffée d’oxygène attendue pourrait prendre la forme d’une nouvelle activité : le carburant 100% renouvelable à base de colza, Olea 100. La revue stratégique de Saipol prévoit en effet la spécialisation progressive des quatre sites qui sont conservés : Grand Couronne (76), Lezoux (63) Bassens (33) et Le Mériot. L’usine auboise pourrait développer la production de carburant renouvelable. Mais pas tout de suite, prévient Saipol. « On va continuer à faire de la trituration et de l’estérification, précise Arnaud Rousseau. Le site du Mériot est aujourd’hui loin d’être à saturation : l’idée est d’abord de le conforter et éventuellement d’en développer de la production à valeur ajoutée à travers notre carburant ».
Le développement de cette activité n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour : « on souhaite déjà que plus de graines arrivent en proximité et dans des conditions de logistique favorisées. Mais il faut aussi que les agriculteurs continuent sur site à produire du colza ». Pour Arnaud Rousseau, la stratégie vise à « répondre  à une problématique d’attente sociétale termes de protéines et d’énergies renouvelables tracées tout en favorisant le développement des productions françaises à haute valeur environnementale au sein des territoires.»

© Propos recueillis par Emeline Durand