Vols, intrusions : la vigilance est de mise

Agribashing, fin d’année… La profession agricole n’est pas épargnée par les actes de délinquances et les vols. La gendarmerie appelle à la prudence et donne quelques conseils pour sécuriser les exploitations.

Impressionnant, le diffuseur de brouillard, testé avec des viticulteurs aubois cette semaine, a fait mouche.

Les fêtes de fin d’année sont inévitablement marquées par un phénomène : la recrudescence des vols, chez les particuliers comme les professionnels. Peu sensibilisés au phénomène, les agriculteurs croient souvent à tort qu’ils vont échapper au fléau. Afin d’alerter sur les risques potentiels et donner quelques conseils pour sécuriser ses exploitations, la coopérative viticole de Clérambault organisait cette semaine, une réunion d’information sur le sujet. Une première pour la profession viticole, conséquence d’une situation particulière en cette période. « On a constaté de nombreux vols, notamment de champagne ces dernières semaines dans le département », note Frédéric Evrard, officier prévention au groupement de gendarmerie de l’Aube.

Réservoirs tête bêche

Cette réunion a permis, sous formes d’échanges, de partager certaines bonnes pratiques et dispositifs qui ont fait leurs preuves. Si des outils comme l’impressionnant diffuseur de brouillard, testé pendant la réunion, a fait mouche, les forces de l’ordre ont profité du rendez-vous pour rappeler quelques règles simples : mettre le maximum d’obstacles imposants entre ce qui a de la valeur et les délinquants par exemple. Et tout autre procédé permettant de freiner voire de décourager les voleurs. Positionner les tracteurs tête-bêche pour rendre moins accessibles les réservoirs, installer des alarmes, enlever les clefs des engins, ne pas laisser son matériel sans surveillance ou fermer à clé ses bâtiments, « du bon sens mais qu’il convient de rappeler », souligne l’officier Evrard. L’objectif est de faire prendre conscience du danger potentiel : vols de Gazole Non Routier, de métaux, de GPS, de caisses de champagne et même d’analyseurs de grains, la liste des délits commis dans l’Aube ces dernières semaines n’est pas exhaustive.  « Dites-vous que tout ce qui peut potentiellement rapporter de l’argent peut être volé », précise le gendarme. Pour faciliter la diffusion d’informations, le groupement de gendarmerie de l’Aube a mis en place le dispositif Vigi-Agri : 359 agriculteurs et viticulteurs se sont volontairement inscrits dans le département. En plus de recevoir des SMS prévenant de vols à proximité, l’agriculteur peut lui-même être une source d’information pour les forces de l’ordre en repérant d’éventuels comportements suspicieux. « Très peu le font », regrette Frédéric Evrard. Ce qui est dommageable. Car « au-delà des préjudices personnels, le dispositif est une invitation à appréhender la sûreté et la sécurité d’un point de vue plus général ». Ilexiste dans les exploitations, des produits pouvant servir à la composition d’engins beaucoup plus dangereux. « Le monde a changé, les agriculteurs sont des cibles », insiste l’officier prévention.

© Emeline Durand

Animaux massacrés à Méry-sur-Seine : sécurité renforcée
La profession et plus largement le grand public s’en étaient émus durant l’été. Pourtant, le massacre d’une vingtaine d’animaux de la ferme pédagogique de Méry-sur-Seine fin juillet n’a en rien découragé la volonté de ceux qui s’en occupent au quotidien. Après « l’effroi de la découverte des animaux tués », « l’incompréhension » et « la colère », admet Nathalie Kabbani, directrice de la ferme, la structure a repris ses activités. Et pris des mesures en termes de sécurité: « nous allons installer une grande volière pour les oiseaux ainsi que des caméras de surveillance en début d’année prochaine », détaille Yannick Fassaert. Si le président de l’association reconnaît que cet acte de délinquance pour lequel quatre mineurs ont été interpellés n’a rien à voir avec le contexte d’agribashing que connaît la profession, il est sûr d’une chose : c’est par la pédagogie que les gens comprendront le métier d’agriculteur. Un projet bien plus large avec la création d’un pôle végétal destiné à faire pousser toute les cultures du département en lien avec les acteurs de la profession, est en cours.