« Nous devons dialoguer avec les riverains »

Pour Samuel Rouilleaux, secrétaire général adjoint de la FDSEA, la charte Riverains qui doit être signée prochainement, doit avant tout être un moyen de renouer le dialogue.

« Les maires souhaitent qu’on mette en place un forum des questions/réponses pour pouvoir répondre aux administrés. Nous le ferons », indique Samuel Rouilleaux.

Que prévoit la Charte Riverains dans le département de l’Aube ?

La démarche a été enclenchée au printemps dernier, suite à la signature du contrat de solutions. Quatre partenaires, la FDSEA, les JA, la Chambre d’Agriculture et le SGV se sont rencontrés dans un seul but : faire un geste envers les riverains. Avec les ZNT (Zones de Non Traitement, NDLR) et les arrêtés qui se sont multipliés, on a encore plus pris conscience de notre besoin de communiquer, d’expliquer ce qu’on fait aux riverains. C’est l’essence même de cette charte : il faut faire des efforts d’image. La peur vient du fait qu’on n’explique pas. Cette démarche nous incite à engager le dialogue avec les riverains, à expliquer. La Charte nous engage aussi, nous agriculteurs, à respecter la réglementation, à ne faire des interventions que si c’est nécessaire, quand les conditions météorologiques le permettent, à utiliser des méthodes alternatives dans la mesure du possible.

N’est-ce pas déjà ce que les agriculteurs font ?

C’est du bon sens paysans en effet.  Ces pratiques on les met déjà en place : je ne passe pas dans un champ proche d’une maison, le dimanche à 3h du matin. Même chose sur les horaires de traitement le dimanche : la charte prévoit de ne traiter que le matin et après 21 heures. Dans les faits, c’est déjà le cas pour beaucoup d’entre nous. On se restreint naturellement. Avec cette charte, désormais, les habitants le sauront.

Les agriculteurs doivent communiquer davantage : mais la charte Riverains n’invite-t-elle pas aussi les riverains à plus d’ouverture ?

Plus que des engagements, ce sont plutôt des conseils qu’on souhaite leur donner : ne pas pénétrer dans les parcelles, se renseigner sur les activités agricoles de sa commune mais aussi privilégier le dialogue avec l’agriculteur. On souhaite à ce titre créer une cellule de dialogue pour faire de la médiation. La charte prévoit aussi que l’on mette des dépliants à disposition dans les mairies.

Cette charte est écrite depuis cet été, pourquoi n’est-elle pas encore signée ?

C’est en très bonne voie. Une fois écrite, nous avons lancé une phase de consultations à la fin de l’été : les OPA du département, l’association des maires ruraux, l’association des maires de l’Aube et le conseil départemental. Tous sont d’accord pour que cette charte existe et vive, ce qui est une bonne chose. Les maires souhaitent qu’on mette en place un forum des questions/réponses pour pouvoir répondre aux administrés. Nous le feront. Les annonces du gouvernement sur la mise en place de ZNT ont retardé la signature. Mais on ne veut plus attendre. On veut rester le moteur de cet engagement. Cette charte, c’est un pas que nous, agriculteurs  faisons vers les riverains. Elle est évolutive, s’il faut la remettre au goût du jour on le fera. La Coop de France Grand Est et Familles Rurales devraient se joindre à nous. On devrait signer cette charte Riverains en fin d’année ou au tout début de l’année 2020.

© Propos recueillis par Emeline DURAND