L’engagement, c’est l’école de la vie

En marge de la conférence Terres & Vignes, Pierre Goujard, président des Jeunes Agriculteurs de l’Aube, explique en quoi s’investir dans la vie syndicale, associative, électorale est pour lui, formateur. Et quelles leçons en tirer.

Pour le président des JA de l’Aube, « rien n’est acquis, l’engagement est une perpétuelle remise en question. »

Vous êtes le président des JA depuis cinq ans. Pourquoi est-ce important de vous engager à ce niveau de responsabilité ?
Tous les niveaux d’engagement sont fondamentaux. De l’échelon communal jusqu’au national, l’engagement est une façon noble et dévouée de faire vivre son territoire. L’échelon départemental est intéressant du point de vue de sa structuration. Car il véhicule des valeurs à défendre, un terroir, une harmonie entre ses campagnes et la ruralité riche d’innovations, de défis…Tout y est traité, le développement des entreprises, la préservation des milieux, l’animation des territoires…

Que retenez-vous de cet engagement syndical ?
Rien n’est acquis, l’engagement est une perpétuelle remise en question : il faut toujours savoir rebondir et garder en tête qu’un bon engagement est un engagement dévoué et désintéressé. L’autre particularité de l’engagement ce sont les connaissances que j’ai pu développer : c’est une école de formation unique en son genre, pour la prise de parole, la prise de décision, le management, et l’organisation d’évènements, et surtout les rencontres que jamais je n’aurais pu faire en restant dans mon entreprise. Tout est applicable sur sa propre structure et sa vie personnelle. Il n’est jamais question de savoir si tu as le temps, car pour s’investir il faut prendre le temps.

Y a-t-il eu des découragements parfois ?
Bien sûr, plusieurs : il m’est arrivé de vouloir baisser les bras, chacun vie son engagement différemment, on ne peut pas compter sur tout le monde… Certains projets ou idées n’ont pas abouti faute de temps, de moyens aussi. Mais il faut accepter l’échec : cela pousse à revoir ses objectifs, qu’ils soient atteignables, et pour cela il ne faut pas avancer seul. S’entourer d’une équipe et surtout faire les choses par passion. L’essentiel c’est d’installer un dialogue. C’est un peu comme dans un couple, il faut partager, et échanger l’information pour ne faire qu’un. Après un échec, l’essentiel c’est de poser les acquis et de bien savoir si tout le monde est sur la même ligne : tout est question d’organisation.

De quelle manière redonner envie aux jeunes et moins jeunes de s’engager ? Dans la vie syndicale, associative, électorale ?
Donner envie aux jeunes de s’engager et de s’investir, c’est là tout l’enjeu qui nous anime. Aujourd’hui les hommes sont les mêmes, pourtant les règles ont un peu changé au niveau syndical, les victoires sont plus minces face à un gouvernement souvent inflexible, les rythmes de travail sont plus intenses, (double actif), et les hobbies et la famille ont une place importante. C’est pourquoi il faut repenser les organisations : une logique moins verticale, œuvrer vers plus de responsabilisation et de transparence, rendre aux élus l’information simple, disponible et rapide, utiliser les outils numériques… afin de rendre l’engagement séduisant.

Avez-vous envie de poursuivre votre engagement ?
Pour ma part, je vais probablement laisser ma place de président des Jeunes Agriculteurs de l’Aube pour le prochain mandat, j’ai à cœur que l’équipe se renouvelle et apporte avec elle de nouvelles idées. Néanmoins mon engagement ne s’arrête pas là, j’ai pris d’autres responsabilités au niveau agricole, et j’ai à cœur de conserver une place dans mon syndicat pour transmettre et surtout travailler sur des sujets clefs que je ne pouvais pas pousser faute de temps, l’élevage et l’installation des jeunes notamment. Et puis j’ai également envie de m’investir dans ma commune aux prochaines élections municipales.
Propos recueillis par Emeline Durand

Et si on réenchantait l’engagement ?
C’est le thème de la conférence organisée le 21 novembre par Terres & Vignes de l’Aube, collectif visant à promouvoir l’agriculture et la viticulture du département.
Parce que, en milieu rural, les agriculteurs sont souvent engagés notamment dans leur mairie, la conférence Terres & Vignes tentera de répondre à une problématique d’actualité ; l’engagement. A quelques mois des prochaines échéances municipales, comment la nouvelle génération s’engage dans les organisations, institutions, centre des dirigeants, associations ? Pour le comprendre, plusieurs intervenants se succèderont : Guillaume Plaisance, doctorant en sciences de gestion Sciences Po Bordeaux en Gestion des organisations, président de l’association Acteurs Jeunes, posera le contexte et fera part de son analyse. Suivront ensuite deux tables rondes sur les thèmes :
– Les nouvelles modalités d’engagement et du collectif, avec Marion Quartier, présidente de la communauté de commune du Barséquanais, maire de Marolles-lès-Bailly et Jean-Baptiste Vervy, agriculteur et directeur général de Wizifarm.
– Comment faire évoluer notre héritage ? Avec Etienne Bertrand, viticulteur, président de l’association CAP’C et Philippe Pichery, président du Conseil départemental de l’Aube.
La conférence sera suivie d’un cocktail.