Quelles plantes toxiques dans mes pâtures

Élevage. Le Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Aube proposait le 29 mai, à la maison du parc naturel régional de la forêt d’Orient (PNRFO), une formation autour des plantes toxiques. Laquelle a réuni une vingtaine de personnes.

Lors de l’après-midi, Florence Lardet a emmené les participants dans les parcelles alentours afin d’identifier des plantes toxiques. © A.T.

La problématique intéresse bon nombre d’éleveurs. À vrai dire, les animaux au pâturage ne consomment d’ordinaire point les plantes toxiques. Cependant, certains événements peuvent toutefois favoriser leur consommation, à l’instar de la sécheresse, de plantes coupées à proximité ou encore la présence de plantes toxiques dans le foin ou l’ensilage. Il convient donc d’être extrêmement vigilant.

Différentes toxicités

D’autant que les symptômes ne sont pas forcément évidents ; les animaux ne réagissent également pas de la même manière. Sauf qu’une intoxication s’avère souvent très grave ; elle peut aussi être mortelle. Dans l’Aube, certains éleveurs ont d’ailleurs été confrontés à pareilles situations. Voilà donc pourquoi le GDS avait souhaité mettre en place cette formation. Une première.

Et toute session de formation commence avec un peu de théorie. Les participants ont donc tout d’abord appris que la toxicité allait être en fonction du ou des principes toxiques contenus par la plante (tanins, alcaloïdes, oxalates…), de la quantité ingérée en un temps donné, de l’état du végétal ou encore de la partie de la plante consommée. Il faut également savoir si la consommation a été ponctuelle, ou si elle est régulière. Enfin, toutes les plantes n’ont pas les mêmes effets : certaines interviendront sur le système nerveux, d’autres auront une action irritante sur le système digestif, etc.

If, glands, etc.

Les principales plantes concernées pour les bovins sont l’if, les glands, la morelle noire, la fougère aigle, la mercuriale, le thuya, le galéga ainsi que le laurier rose. En plus de celles-ci, les ovins sont également sensibles au rhododendron. Au terme de la formation, les participants devaient ainsi être en mesure d’identifier ces différentes plantes.

Parmi elles, l’if. Ses feuilles, l’écorce, le bois, les racines ainsi que les graines sont toxiques. « Plus les feuilles sont anciennes, plus elles sont toxiques », a également indiqué Florence Lardet. La toxicité est par ailleurs maximale en hiver ; elle est non modifiée par la dessiccation. En cas de toxicité suraiguë, la mort intervient en quelques minutes après une phase de difficultés respiratoires et de tremblements. En revanche, si la toxicité n’est qu’aiguë (animal agité, coliques, etc.), la mort peut intervenir entre 1 à 72 heures. Si la consommation de la plante est constatée, seule la ruminotomie (ouverture et vidange du rumen) est efficace. Mais selon Florence Lardet, le pronostic vital reste sombre. « 67% des bovins intoxiqués meurent », souligne-t-elle. À noter également que le lait et la chair des animaux sont impropres à la consommation.

Autre exemple avec les chênes, et plus spécifiquement ses glands. « Les glands verts sont les plus toxiques et plus l’arbre est jeune, plus les glands sont toxiques. Le chêne pédonculé est plus toxique que les autres espèces », note Florence Lardet. Une espèce bien présente dans l’Aube. Les jeunes feuilles ainsi que l’écorce s’avèrent également toxiques. Parmi les signes cliniques bénins : l’amaigrissement, la faiblesse, l’anorexie, la baisse de la rumination, la constipation puis la diarrhée sanglante. La prostration, l’hypothermie, la baisse de la production lactée, la baisse de la rumination – voir plus du tout –, une constipation très marquée, une diarrhée fétide et noirâtre, des urines troubles et foncées, des tremblements, des pertes d’équilibre, la paralysie des postérieurs ou encore le coma sera dans ces cas synonymes de signes cliniques graves. Des traitements « très contraignants » existent. Florence Lardet a néanmoins indiqué que la mortalité atteignait 80% lorsque les symptômes rénaux apparaissaient. « Les animaux qui en réchapper peuvent succomber des mois plus tard suite à une décompensation rénales », a-t-elle aussi précisé.

Aurélien Tournier