Colza associé ou colza opportuniste : des leviers pour réussir sa culture

Colza opportuniste… du colza dans un couvert. © CA10

L’augmentation de la pression des ravageurs d’automne, et notamment des grosses altises, et leur impact sur la pérennité des colzas nous obligent à revoir le mode de conduite de cette culture dans le Barrois.

Les associations avec des légumineuses contribuent à améliorer la nutrition azotée du colza pendant l’automne. Cette amélioration permet d’obtenir un colza plus robuste face aux attaques de ravageurs. L’association a aussi un effet perturbateur pour les insectes. Les travaux expérimentaux (micro parcelles et parcelles agricoles) montrent que les taux d’attaques des ravageurs d’automne peuvent être réduits de 30 % en présence d’un couvert de légumineuses développé.

Comment réussir son colza associé ?

  • Par une implantation précoce: une biomasse importante (>300 g/m²) des plantes compagnes contribue au développement du colza à l’automne ET facilite la destruction du couvert par les premières gelées. Il faut donc être prêt à semer dès fin juillet en fonction des passages pluvieux annoncés.
  • Par un contrôle des adventices: les doses d’antidicotylédones doivent être réduites pour limiter toute phytotoxicité sur les plantes compagnes. Dans ces conditions, une implantation sans flux de terre limite la levée d’adventices. Toutefois, doses réduites d’herbicides et pression importante de géraniums (> 50 plantes/m²) ne sont pas compatibles ; dans ces situations, d’autre leviers agronomiques et chimiques doivent être mis en place.
  • Par le choix des bonnes espèces: les mélanges d’espèces sont à privilégier mais les légumineuses sont obligatoires. Elles peuvent être complétées par d’autres espèces.

Et pourquoi pas un colza opportuniste… profiter du semis de couvert pour installer un colza

Les crucifères ont toute leur place dans la composition d’un couvert estival mais il est nécessaire de trouver une crucifère qui ne rentre pas trop tôt en floraison afin de ne pas dégrader le rapport C/N du mélange. Le colza, de par son cycle végétatif, ne fleurira pas avant la fin de l’année. Il devient donc, potentiellement, la crucifère à privilégier.

Faire le bon mélange d’espèces de couvert

Le mélange, dans lequel sera ajouté 40 grains/m² d’une lignée de colza vigoureuse, doit être exclusivement composé de plantes gélives, avec une part importante (au minimum 70 %) de légumineuses (fenugrec, féverole, lentille, trèfles…). D’autres espèces non légumineuses peuvent trouver un intérêt, comme le sarrasin (développement et floraison rapide), le niger ou tournesol (plante appréciée par les limaces).

Semer sans tarder

Il faut semer dès que la parcelle est libérée et si possible sans la moindre perturbation de sol. Il convient au préalable de s’assurer que la structure de sol soit favorable au bon enracinement de toutes les espèces et du colza en particulier. Un autre point de vigilance concerne la répartition de la paille. Une paille (ou menue paille) bien répartie, assurera une levée homogène du couvert.

Se faire une idée du potentiel colza mi-octobre

A cette date, une visite de parcelle s’impose afin de vérifier l’homogénéité du peuplement de la parcelle ainsi que l’état de développement du colza. Un peuplement compris entre 25 et 30 pieds/m², un pied de colza qui dépasse 40g de matière verte mérite d’être préservé. Mais aujourd’hui, cela ne suffit malheureusement plus pour assurer une récolte. Il faudra, comme pour tout autre colza, vérifier régulièrement la présence de larve de grosse altise jusqu’à la fin de l’hiver et si besoin positionner un insecticide visant ces larves. Un colza opportuniste est finalement un colza associé qui doit se conduire comme une culture. Il nécessite de la réflexion en amont de son installation, un suivi de culture et un investissement raisonné qui doit permettre une souplesse dans la succession de culture.

© Sophie NICOLARDOT, Responsable équipe agronomique 10-52 (Avec Cerfrance CNEIDF et Groupama Nord Est)

 

Webinaire « Le Colza en Barrois : doit-on continuer de le cultiver ? peut-on le remplacer ? »

Les conseillers agricoles des Chambres d’agriculture répondent aux questions des agriculteurs. Les agriculteurs souhaitant partager autour de la mise en œuvre du colza et poser leurs questions sont inviter à participer au webinaire « Le Colza en Barrois » : le mardi 28 juillet de 11 à 12 heures.