La Scara veille au grain

La coopérative céréalière renforce sa croissance en s’appuyant sur le développement de son usine de biogaz. Le tout encadré par un puissant contexte environnemental.

L’usine de biogaz sera l’un des relais de croissance de la Scara. A terme, une centaine de fournisseurs de matières alimenteront en pulpes et déchets de l’agroalimentaire, le méthaniseur d’Ormes.

La nouveauté a occupé l’équipe de la Scara une bonne partie de l’année. Lors de l’assemblée générale  le 12 décembre, la coopérative auboise présentera bien sûr son bilan 2018 – une année dans la moyenne – ainsi que les résultats du groupe. Elle reviendra aussi sur l’actualité phare de 2019 : la mise en route de son usine de biogaz. Après huit ans de gestation, le site est opérationnel depuis le printemps. Il est alimenté  pour une moitié par des pulpes de betteraves et matières issues de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVEs) et pour l’autre, des entreprises de l’agroalimentaire.

Opportunités de diversification

La configuration de cette usine, qui devrait rapidement atteindre sa vitesse de croisière,  résume à elle seule la volonté stratégique de la coopérative céréalière. « La méthanisation offre à nos adhérents des opportunités de diversification par les CIVEs, ainsi que la possibilité de subtiliser de l’engrais minéral par de l’organique avec la production de digesta », argumente Alain Herbinet, président de la Scara. Elle offre surtout au groupe l’opportunité d’un beau relais de croissance en lien, avec le territoire, l’autre fer de lance de la coopérative située au cœur de la plaine d’Arcis-sur-Aube. La Scara a en effet profité de la réhabilitation d’un ancien site à Ormes pour implanter sa nouvelle activité qui comptera à terme une centaine de fournisseurs de matière, réunis dans la structure Sica ORA. Elle devrait produire en capacité maximale 40 000 tonnes d’intrants destinés à alimenter en biogaz l’équivalent de 12 000 foyers. Un investissement de 15 millions d’euros qui s’inscrit également dans une démarche environnementale, prégnante pour la Scara depuis dix ans.

Bidons 100% recyclés

L’axe développement durable fait  d’ailleurs l’objet d’un rapport à part et on comprend pourquoi. La Scara s’est engagée très tôt dans une démarche de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Plus qu’une philosophie dans l’air du temps, un véritable outil de différenciation pour la coopérative. Niveau confirmé pour la norme Iso 26 000, diminution de 400 kg équivalent CO2 depuis 2013, 100% des bidons vides de produits phytosanitaires recyclés, 38% des exploitations engagées dans la démarche Agri Confiance Volet vert (70% à l’horizon 2021), « la Scara a toujours eu une longueur d’avance en la matière », se félicite Alain Herbinet. Elle compte bien la conserver en développant notamment la certification HVE, Haute Valeur Environnementale. Seize producteurs ont été certifiés pour la première fois cet été dans le cadre d’une démarche collective initiée par la coopérative. « Cette norme, ajoute le président suppose une obligation de résultats, demandées aujourd’hui par les agriculteurs comme les consommateurs ». La force de frappe de la Scara dans ce domaine, « c’est sa capacité à accompagner l’exploitant dans une traçabilité exemplaire sur l’ensemble de ses pratiques culturales. » L’objectif pour 2020 est d’accompagner 80 fermes vers cette certification.
L‘autre défi que doit relever la Scara, c’est celui de s’adapter aux changements. « On n’a pas vocation à rester seuls face aux changements, qu’ils soient climatiques, territoriaux, de marché… », estime Alain Herbinet. Pour rester commercialement concurrentiel, la coopérative auboise s’est rapprochée de Novagrain, union de coopératives agricoles marnaises. Une association stratégique pour sécuriser le groupe dans une démarche filière résolument engagée. © Emeline Durand

224 000 tonnes collectées en 2018
70 millions d’euros de chiffre d’affaires
700 adhérents

Naviguer dans la grande transition
L’assemblée générale le 12 décembre sera suivie d’une conférence sur le thème : « Naviguer dans la grande transition ». Fabienne Goux-Baudiment, PDG de la SAS proGective, qui conseille les décideurs sur le changement climatique, la digitalisation, les processus innovants, les approches collaboratives… donnera son point de vue.