Sécheresse : l’urgence d’agir

Une délégation professionnelle agricole a rencontré Anne-Claire Mialot, conseillère « Cohésion des territoires » du président de la République, le 5 novembre à Pont-à-Mousson. Principaux dossiers sur le vif : la reconnaissance des calamités sécheresse, le douloureux dossier du To-De et la considération des territoires dans la prochaine Pac.

Anne-Claire Mialot a confirmé la prise en compte par l’Etat de la situation, ainsi que les mesures annoncées par le ministre de l’Agriculture sur la sécheresse. ©C. VANVERTE

En marge du déplacement du Président de la République dans le cadre de son « itinéraire mémorial », une délégation agricole a pu rencontrer Anne-Claire Mialot, conseillère « Cohésion des territoires », d’Emmanuel Macron. Bien que la récente visite du ministre de l’Agriculture ait permis l’annonce des mesures concernant la sécheresse, les FDSEA 54 et 57, JA 54 et 57, de la CDA 54, et la FRSEA Grand Est sont venus s’assurer que le message sur les calamités agricoles soit bien passé. C’est au sein de la mairie de Pont-à-Mousson que Luc Barbier, le président de la FDSEA 54, a introduit l’échange en rappelant les éléments de contexte qui depuis 2012 ont conduit vers le bas l’économie agricole. Une dégradation des revenus s’est installée et aujourd’hui un tiers des agriculteurs touchent moins de 4.000 € par an. La baisse de compétitivité des exploitations, les aléas économiques et climatiques ont été malheureusement fréquents. « La sécheresse de 2018 bat le record de 1959 et pourtant obtenir la reconnaissance des calamités agricoles va être difficile » précise Luc Barbier.

Un territoire en souffrance

Philippe Clément, le secrétaire général de la Frsea, attire l’attention sur l’importance de l’élevage sur la région. « Nous sommes dans un territoire très fortement impacté, où les trésoreries sont déjà en berne. A cela, comme si cela ne suffisait pas, on nous rajoute le loup ! Le moral des agriculteurs est au plus mal et pour répondre à la question de l’affouragement des exploitations, nous avons mis en place des opérations de solidarité ». Mais « la décapitalisation est en marche » estime-t-il.

Les systèmes de polyculture-élevage, dominants dans le Grand Est, ont, depuis les réformes de la PAC, subi de nombreuses agressions. Ce système majeur dans le Grand Est mesure une perte globale de 77 millions d’euros. « Ces systèmes semblaient constituer un atout dans l’équilibre économique et environnemental, il faudra le préserver dans le cadre de l’ouverture du dossier des zones intermédiaires, lancera Laurent Rouyer, le président de la Chambre d’agriculture 54. L’Etat doit prendre conscience que nous avons besoin de soutien conjoncturel, mais surtout de perspectives structurelles ».

Anne-Claire Mialot confirme la prise en compte par l’Etat de la situation, ainsi que les mesures annoncées par le ministre de l’Agriculture sur les enveloppes de prise en charge de cotisations sociales et de dégrèvement de TNFB. Elle affirme par ailleurs qu’une réflexion est en cours sur le régime des calamités. Luc Barbier s’inquiète du pas de temps car à ce jour « le retour sur les exploitations est de 0 € ». Il dénonce le recyclage d’enveloppes MSA. Quant à la TNFB, il considère qu’il s’agit d’un bon geste mais qui reste une mesure à la marge. « La seule décision qui apportera de la trésorerie, ce sont les calamités agricoles ! ». © Corinne VANVERTE