Patienter pour éviter les pertes à la récolte

Avec les aléas climatiques de la campagne, la pression des insectes d’automne et l’arrivée des maladies de fin de cycle, le potentiel de rendement et la maturation du colza seront très hétérogènes sur le territoire. Afin de limiter les pertes à la récolte, il est donc nécessaire de prendre en compte deux points : le matériel de récolte et surtout cette année, la maturité de la plante.

Il est nécessaire de prendre en compte le matériel de récolte et surtout en 2018 la maturité du colza. ©L. JUNG

Chaque année c’est le même constat, trop de parcelles de colza sont récoltées à une maturité non optimale. Pour cette campagne, les stades hétérogènes, le retard de végétation et l’absence de floraison franche doivent inciter d’autant plus à rechercher une maturité optimale des graines, des siliques et une faible humidité des pailles. Patientez au maximum, quitte à récolter plus tardivement étant donné les enjeux. Attention tout de même aux parcelles touchées par les maladies de fin de cycle qui accélèrent la maturation des pailles et entrainent l’ouverture des siliques.

Dans beaucoup de situations ces dernières années, le décalage de la récolte du colza après celle des blés a été payante. Les rendements augmentent lorsque l’humidité de la paille diminue du fait de la diminution des pertes machine alors que l’humidité grain était satisfaisante dès la première date de récolte. Sauf événement climatique exceptionnel ou maladies de fin cycle, les pertes de graines par égrenage ou la verse font désormais partie du passé grâce à l’amélioration de la résistance variétale. En effet, les variétés anciennes pouvaient atteindre des égrenages de l’ordre de 100kg/ha alors que certaines variétés modernes atteignent seulement 20kg/ha. Il est donc plus facile d’attendre que les graines aient atteint le seuil de 9% d’humidité (norme commerciale).

Mais cet indicateur n’est pas suffisant pour déclencher le chantier de récolte. L’évolution variétale (résistance phoma, pieds secs) et des pratiques (fongicides de printemps) a entrainé une phase de dessiccation des plantes plus longue. Il est donc important de patienter pour ne pas laisser de siliques vertes (ou jaunes mais non matures) non récoltables et des pailles trop humides. Les deux entrainent l’accroissement important des pertes à l’arrière de la machine, non détectées par les capteurs et non visibles dans les résidus de culture (astuce : jet d’un bac sous la machine pour mesurer les pertes de graines arrière).

Investir dans une extension de barre de coupe

Etant donné les niveaux de pertes couramment mesurés, l’équipement est assez rapidement amorti. En effet, dans les essais Terres Inovia menés pendant plusieurs années, les pertes de graines à l’avant de la machine étaient de 0,5 à 3 q/ha sans extension contre 0 à 0,5 q/ha maximum avec (gain moyen de 2 q/ha grâce à cet équipement). Nos calculs montrent que, pour des pertes moyennes de 1,5 q/ha avec un amortissement sur 5 ans, une récolte de seulement 20 ha par an suffit. Ces calculs ne tiennent pas compte des économies induites par des taux de repousses plus faibles dans la rotation, et d’une baisse du taux d’impuretés dans la récolte. La rallonge de coupe permet également une amélioration du débit de chantier d’environ 30% avec un flux plus régulier de végétation et donc un meilleur triage (réduction des pertes à l’arrière de la machine).

Bien régler sa machine

Il est conseillé de placer la barre de coupe le plus haut possible. Les vitesses d’avancement de la machine, des rabatteurs et de la vis doivent être réduites. Il faut bien sûr rester vigilant sur la qualité de ce qui arrive en trémie mais attention à l’accroissement des pertes de graines par augmentation de la ventilation. En situation, des mesures ont permis d’évaluer un doublement des pertes arrière pour seulement 0,5% d’impuretés gagné… Être contraint d’augmenter la vitesse batteur et la ventilation est souvent le signe d’une humidité en végétation trop importante. Il est alors vivement conseillé de rechercher une meilleure maturité. ©Terres Inovia