Très bonne campagne betteravière pour Cristal Union

Avec 2,8 millions de tonnes de betteraves transformées et un rendement moyen à 95 tonnes à 16° à l’hectare, la sucrerie de Villette-sur-Aube affiche, comme l’ensemble du groupe sucrier, de belles performances.

Avec 120 jours de campagne et une richesse moyenne de 17,85 %, l’usine d’Arcis retrouve une année normale après trois campagnes difficiles. ©DR

Une campagne plus longue, des rendements très corrects, il faut, selon François Prompsy, vice-président de Cristal Union, président de la section d’Arcis-sur-Aube, remonter à 2017 pour obtenir de tels niveaux. Il est vrai qu’après trois campagnes difficiles, celle de 2021 achevée il y a quelques jours a de quoi redonner le sourire. « On retrouve une année normale d’abord dans sa durée, avec 120 jours, entre le 25 septembre et le 19 janvier, avec une bonne à très bonne campagne », précise le président. Après une campagne 2020-2021 marquée par la jaunisse, cette fois, tous les voyants sont au vert : sur la sucrerie d’Arcis, le rendement s’établit à 95 tonnes de betteraves à 16° à l’hectare soit 14,8 tonnes de sucre à l’hectare, et une richesse moyenne de 17,85 %. Au total, 160 000 tonnes de sucre ont été produites pendant la campagne betteravière et « 900 000 hectolitres d’alcool contre 580 000 l’an dernier, mais avec une campagne qui avait duré seulement 85 jours », calcule Alain Bouilly, directeur du site aubois.

L’objectif de 30 euros la tonne dans le viseur
Des résultats encourageants dans une campagne qui n’a pourtant pas été un long fleuve tranquille. Elle a été marquée par un fort épisode de gel début avril, qui a détruit plus de 10% des surfaces de la plaine d’Arcis et a nécessité un re-semis. Sans oublier la « saga » estivale des produits Adama non conformes : ils ont entraîné soit une destruction totale des parcelles soit un déclassement des betteraves. « Sur notre territoire, cela reste une petite proportion », tempère François Prompsy avec une trentaine de coopérateurs concernés sur les 1 550 adhérents de la coopérative. Les résultats sont évidemment dommageables pour les agriculteurs touchés, souligne l’élu.
Autre bonne nouvelle, le prix payé aux producteurs : « toutes primes confondues, on est à 29 euros la tonne, là où on avait annoncé 26. Et on a annoncé pour la prochaine campagne, un prix d’objectif à 28 euros la tonne », précise François Prompsy. L’objectif de 30 euros la tonne souhaité par le groupe sucrier à moyen terme pourrait être atteint. Résultat de cette conjoncture favorable, les emblavements sont maintenus pour l’année 2022 à environ 30 000 hectares. Ils sont même très légèrement en hausse.

L’ED95, nouveau marché à conquérir
De quoi conforter le développement de l’usine, qui a beaucoup investi ces dernières années notamment sur la partie distillerie et sur la fabrication des produits finis, ainsi que sur le biocarburant. En novembre dernier, une nouvelle unité a été installée afin de doubler pendant la campagne, la capacité de production d’éthanol de 2 200 à 4 400 hectolitres par jour. Une belle opportunité dans un marché en plein essor, même si, appuie François Prompsy, « il n’est pas question de le faire au détriment d’autres marchés notamment l’alcool rectifié », un débouché pour lequel la demande reste forte.
Si cette année, le site d’Arcis souhaite se concentrer sur les économies d’énergies (lire encadré), les investissements structurants vont concerner un nouvel axe stratégique : le développement d’un carburant pour poids-lourds : l’ED95. « Jusqu’ici on le fabriquait artisanalement avec de l’alcool de betterave et un additif, dans le cadre d’une expérimentation qui a duré un an. On souhaite désormais pouvoir livrer des semis entiers pour des entreprises de transport » , annonce Alain Bouilly. Une voie de substitution pour les camions roulants au fioul et donc un potentiel nouveau marché à développer.
© Emeline Durand

 

Le groupe confirme ses performances

Avec 13 millions de tonnes de betteraves transformées et un rendement agricole moyen global à 89 tonnes de betteraves à 16° à l’hectare, Cristal Union « confirme ses performances industrielles ». Pour le groupe sucrier (9 000 coopérateurs, 2000 salariés et 1,6 milliard d’euros de CA), ces chiffres sont conformes aux prévisions de fin septembre 2021. Le « contexte agricole (est) plus favorable que lors de la campagne précédente », souligne-t-il. La campagne a en effet duré 107 jours en 2021 contre 90 en 2020, avec une production de seulement 10 millions de tonnes de betteraves. Au total, les huit sucreries et les trois distilleries de Cristal Union ont produit 1,5 million de tonnes de sucre, 230 000 tonnes de pulpes déshydratées, 3,6 millions d’hectolitres d’alcool et de bioéthanol au cours de la campagne 2021/2022.

 

Economies d’énergie

Dix pour cent : c’est la part d’énergie économisée durant la campagne au sein du site sucrier d’Arcis. « Grâce à des travaux pour grossir les liaisons entre la sucrerie et la distillerie, nous avons traité beaucoup plus de jus vert ce qui a permis d’améliorer la performance de l’usine, détaille le directeur. Pendant la campagne 2021, on a franchi un cap important on est passé de 6 800 hectolitres transformés par jour à 8 000 avec des pointes à presque 9 000 hectolitres ». Une progression significative qui s’est accompagnée d’une économie d’énergie dans la sucrerie. Un chiffre non négligeable, « d’autant plus important au regard de la flambée des prix actuels de l’énergie», souligne Alain Bouilly.
Après plusieurs années d’investissement pour le développement de la distillerie d’Arcis, Cristal Union veut concentrer ses efforts sur l’optimisation de l’énergie et de l’eau. Ainsi, une nouvelle chaudière à haut rendement a été installée et mise en fonctionnement en septembre dernier. « La sucrerie est désormais autonome en eau, l’idée est de la récupérer et de la réutiliser pour la distillerie en améliorant les capacités de recyclage  », détaille Alain Bouilly.