Agronome pur jus

A 25 ans, Quentin Tilloy, responsable adjoint du département Agronomique de Cristal Union, partage son temps entre suivi des expérimentations et coordination de projets sur l’ensemble des sites du groupe sucrier.

Tantôt sur le terrain, tantôt chargé de coordonner les essais à distance, Quentin Tilloy partage son temps entre les différents sites de Cristal Union aubois et marnais pour trouver des solutions permettant de pérenniser toute une filière. © E. DURAND

Sans vouloir user du jargon betteravier, Quentin Tilloy est ce que l’on pourrait appeler un pur produit Cristal Union. Le Marnais n’a que 25 ans, mais coule déjà dans ses veines une expérience significative du monde de la betterave et plus précisément du groupe sucrier. C’est même là que tout a démarré, à la faveur d’un stage de fin d’études, il y a presque trois ans. Après avoir coché la case stagiaire et celle de responsable relations culture au service betteraviers, à Bazancourt, Quentin Tilloy endosse un nouveau rôle, et pas des moindres : celui de responsable adjoint du département Agronomique. Le jeune agronome a rejoint fin 2020, le site d’Arcis-sur-Aube pour y mener une double mission : celle de mettre en place et suivre les expérimentations de manière transversale, sur les variétés et d’élaborer derrière, le conseil agronomique. Mais la plus jeune recrue d’un service qui compte 12 personnes, historiquement rattaché à l’usine auboise, est aussi chargée de suivre et de près, un groupe de fermes pilotes expérimentant des alternatives aux néonicotinoïdes. Un sujet plus que d’actualité dans lequel Quentin Tilloy s’investit totalement. Parce que, juge-t-il, « il y a tout à faire et il y a urgence. »

Course au vaccin

C’est que l’autorisation de recours aux néonicotinoïdes ne durera pas plus de trois ans et qu’il faut d’ici là trouver des solutions durables et rapides, à la médiatico-politique invasion des pucerons dans les champs de betteraves. Mise en place de bandes fleuries intra-parcellaires, betteraves associées à des plantes compagnes sont quelques-unes des pistes actuellement à l’étude par le groupe sucrier pour modifier l’écosystème et limiter l’apparition des pucerons. Et Quentin Tilloy pilote, à son échelle, les grandes lignes de cette course au vaccin contre la jaunisse.
Un vrai défi pour l’ancien étudiant, passé par une école d’ingénieur et désormais spécialiste de la question, notamment de la cercosporiose, la principale maladie du feuillage de la betterave à laquelle il a consacré son projet de fin d’études. Tester, observer, conseiller, voilà le tryptique qui rythme ses journées, guidé par l’envie de trouver des solutions. « Notre travail au quotidien consiste à expérimenter de nouveaux itinéraires, voir comment se comportent des variétés plus résistantes pour établir des conseils techniques, apporter des solutions techniques aux agriculteurs et imaginer des protocoles pour l’avenir », détaille l’agronome. « Tester des choses, démontrer que cela ne marche pas, c’est tout aussi intéressant », pointe l’agronome, fier de participer à l’amélioration des procédés. Car, derrière la motivation va au-delà de la simple conscience professionnelle : l’enjeu de pérenniser la culture est grand, au moins autant, avoue Quentin Tilloy, que de « se sentir utile ».

« Défendre le monde agricole »

Les mots ne sont pas choisis au hasard. Ce fils de betteravier marnais a bien conscience de ce qui se joue en ce moment. Et du challenge qu’il doit relever, lui et l’ensemble des agronomes de Cristal Union. « Travailler ici, analyse le responsable adjoint, c’est d’autant plus important pour défendre le monde agricole », dont il connaît évidemment les difficultés.  Alors Quentin Tilloy arpente le secteur, tantôt sur le site d’Arcis, tantôt à Bazancourt, Sillery ou Bezanne, veillant à la coordination de ces projets d’avenir. Dans l’Aube, il assure avec les autres agronomes, l’implantation des essais, du comptage à la récolte, au rythme des saisons et de la plante. D’ici quelques semaines, avec l’arrivée du printemps, ce fan de foot et de rugby vissera sa casquette de conseiller technique pour accompagner sur le terrain les planteurs et les guider dans leur choix d’ordre d’arrachage. Après évidemment une analyse par la racine, de chaque parcelle.

© Emeline Durand