Le Grand Plan d’Investissement présenté au Grand Est

L’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt sont éligibles au Grand Plan d’Investissement. Les acteurs professionnels du Grand Est s’en sont vu présenter les modalités par le coordinateur national, Olivier Allain. Ingénierie financière et garanties de prêts à la clé.

Olivier Allain, coordinateur national agricole du Grand Plan d’Investissement ; Eric Freysselinard, préfet de Meurthe-et-Moselle et Pascale Gaillot, vice-présidente du Conseil régional. © Jean-Luc Masson

Le coordinateur national du volet agricole du « Grand Plan d’Investissement », Olivier Allain, a rencontré les acteurs des secteurs agricole, agroalimentaire et forestier du Grand Est, à Nancy, le 3 octobre. Lui-même agriculteur dans les Côtes d’Armor, éleveur de vaches allaitantes et de poules pondeuses, il est vice-président de la région Bretagne.

Transformer le modèle agricole

Proche d’Emmanuel Macron, il fut de ses conseillers agricoles lors de la campagne présidentielle. Il a, par ailleurs, été le coordinateur des Etats Généraux de l’Alimentation. Le voilà donc, armé de son bâton de pèlerin, sur le terrain chargé de « vendre » les « 19 outils existants ou nouveaux » du Grand Plan d’Investissement (GPI). Une batterie de subventions pour faciliter l’ingénierie financière. « L’Etat vient en garantie financière de prêts, pour que le projet voit le jour, quand les deniers personnels sont insuffisants » décline Olivier Allain. Les banques étant réputées frileuses.

L’ambition n’est autre que « de transformer le modèle agricole vers un modèle toujours performant économiquement, mais utilisant moins d’énergie carbonée, moins d’antibiotiques et moins de pesticides ». Il s’agit encore « d’accompagner la montée en gamme, et pas seulement en bio, d’être présents à l’exportation et de reconquérir le marché intérieur, en particulier sur le milieu de gamme ». Olivier Allain prend l’exemple de la Pologne qui s’est octroyée des parts de marchés sur la volaille. « Nous encourageons des groupes comme Ldc à miser sur le bien-être animal et des produits sans-Ogm ou riches en Oméga 3. Cela nécessite des investissements importants ».

La démarche en est à ses débuts et les outils seront mis à la disposition des agriculteurs et des entreprises « début janvier », sous forme d’appels à projets. Un budget de 5 milliards d’euros est fléché sur l’opération, une bonne moitié ira directement au monde agricole et l’autre prendra la direction de l’aval et de la recherche. Olivier Allain cite l’exemple d’un éleveur laitier qui voudrait produire du lait de foin, plus riche en oméga 3, acides gras insuffisamment présents dans l’alimentation des français. Ceci suppose d’investir lourdement dans un séchage en grange d’une valeur estimée entre 300.000 et 400.000 €, selon la hauteur de l’équipement. La récolte en vert suivie du séchage permet d’obtenir un fourrage de haute qualité. L’exploitant pourra tabler sur environ 50.000 € d’aide du plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (Pcea). Il devra emprunter la différence, sauf à disposer d’un apport personnel. C’est là que l’Etat intervient en garantie de prêt.

Cofinancement

Même chose pour un autre exemple cité par Olivier Allain, l’installation du fils d’un exploitant, avec un projet de fabrication de l’aliment à la ferme, en vue de la transformation des produits, avec traçabilité totale. Coût prévisionnel : 1 million d’€. La migration d’un élevage de poules en cages vers du plein air, le développement de la culture du chanvre et du houblon entrent également dans les catégories éligibles au grand plan d’investissement. Une partie des fonds dédiés proviennent du plan européen Juncker doté de 1.000 milliards d’€ pour les Vingt-huit. Les 5 milliards annoncés pour le Gpi agricole ne sortent donc pas intégralement de la poche de l’Etat français.

D’autant plus qu’une partie des investissements soutenables aurait déjà plus ou moins été prise en compte par la Région Grand Est, relève la vice-présidente, Pascale Gaillot. Laquelle mentionne les 94 M€ annuels de fonds publics de soutien aux territoires sur la période 2016-2018, sur la base d’un cofinancement par tiers : Région, Europe, Etat-Agences de l’eau. Le Grand Est s’inscrit toutefois comme partenaire co-financeur du Gpi. « La grande nouveauté c’est le fonds de garantie et l’appui de la Banque publique d’investissement, ce qui jusqu’à présent était très compliqué pour l’agriculture » appuie Pascale Gaillot. Une série de dossiers autour du carbone « renouvelable » tant dans l’alimentaire que dans l’énergétique (méthanisation) pourraient se voir « boostés » par le Gpi, de même que toutes les initiatives visant la recherche de l’autonomie protéique. « Nous favorisons la logique de projet, plutôt que celle de guichet » assure Olivier Allain. Pour parfaire sa connaissance de la région, le coordinateur a visité deux entreprises qui portent au quotidien cette « transformation » attendue de l’agriculture : le centre de formation de l’Alpa à Haroué et l’union de coopératives VegaFruits, à Saint-Nicolas-de-Port. ©Jean-Luc MASSON